Pendant ce temps-là, aux alentours de neuf heures, Le Pique écrivait paisiblement dans sa chambre ses dernières idées de scénario, en attendant les ordres de Rondine. Ce dernier ne mit pas longtemps à arriver, toujours en boitant, et le salua.
Rondine: Voilà, je suis enfin disponible. On va pouvoir y aller !
Le Pique: Où ça ?
Rondine: A Town, pour faire les courses !
Le Pique: Ah, tu m'accompagnes ?
Rondine: Ouais, mon pied me permet pas de faire des folies ... Pis je préfère être avec toi pour ta première journée, histoire que tu sois bien informé.
Le Pique: Merci mais je sais acheter des chips au Leclerc ...
Rondine: Ah mais c'est beaucoup plus intéressant qu'un simple supermarché ! Tes achats sont très importants, tu verras sur place.
Le Pique: Et c'est loin, Town ?
Rondine: A pied ouais. Alors on va prendre mon super 4x4 !
Le Pique: Enfin un autre véhicule que ces foutus hélicos.
Arrivés sur place, le cinéphile se sentit minuscule au milieu de ces vertigineuses tours qui cachaient le Soleil, offrant aux habitants et visiteurs une agréable fraîcheur. Les rues étaient animées en mal comme en bien et étaient remplies de magasins en tout genre; il n'était pas rare que la file d'attente de certaines boutiques soit de plusieurs mètres de long.
Rondine guidait son ami à travers la foule, slalomant entre les gens, disant "pardon" à chaque fois qu'il bousculait quelqu'un, et même quand il se faisait bousculer (c'était un gros tic dont il n'arrivait pas à se débarrasser). Leurs pas les amenèrent devant une sorte de théâtre dont ils franchirent la porte: à l'intérieur se trouvaient d'innombrables chaises, toutes dirigées vers une estrade sur laquelle un homme se trouvait, vendant aux personnes assises des objets en tout genre. Le Pique et Rondine prirent place et il ne fallut pas longtemps avant que le leader ne participe aux enchères.
Le Pique: On est venu là pour acheter des babioles super chères ?!
Rondine: Mais non, mais non.
"5000 !"
Rondine: 5500 !
Le Pique: Quoi, tu vas acheter ce tableau de merde ?!
Rondine: Non, je fais simplement monter les prix !
Le Pique: Et ça sert à quoi ?
Rondine: Rien, mais c'est marrant.
Le Pique: Mais dans quoi chui tombé moi ...
"Voici maintenant un sac de vingt Clés de bronze, estimé à 10000 dollars !"
Rondine: UN MILLION !
Un gros silence s'abattu dans la salle et tous se retournèrent vers Rondine, choqués. Le Pique lui-même, qui n'était pas très calé en économie, était étonné de cette somme exorbitante que son voisin venait d'annoncer. Le présentateur commença le décompte et personne n'haussa le prix: Rondine remporta le sac, content.
Le Pique: Tu fous un million de dollars dans un sac de clés ?!
Rondine: Ah oui, tu ne sais pas ce que sont les Clés ...
Rondine profita que les articles annoncés soient inintéressants pour expliquer au cinéphile tout ce qu'il fallait savoir sur les Clés, ainsi que d'autres détails comme le système économique du "jeu". Le Pique comprenait désormais mieux pourquoi il avait mis autant d'argent dans le sac.
Deux hommes plutôt musclés amenèrent soudain un étrange canon sur scène, que le présentateur annonça avec le prix: 50000 dollars. Quelqu'un dans le public leva la main et haussa le prix à 60000, puis personne d'autre ne renchérit. Rondine leva la main à son tour et haussa de dix milles dollars, amenant ainsi le prix à 70000. L'homme qui avait auparavant surenchérit releva la main, permettant à Rondine de voir qui était intéressé par le canon; voyant le visage de son adversaire, un grand sourire s'afficha sur son visage, et il monta une nouvelle fois le prix, ricanant à moitié. Le duel d'argent dura plusieurs minutes et le prix du canon augmentait sans cesse, étonnant de plus en plus le public. Finalement, le prix atteignit les vingt millions de dollars, et la main était à Rondine, qui laissa le canon à son adversaire en lui tirant la langue. L'homme, hors de lui, lui lança un regard des plus noirs qui soit, teinté d'un étrange vert qui flottait dans ses pupilles; il récupéra le canon et quitta la salle rapidement, ne quittant pas Rondine du regard.
Une heure plus tard, les deux cZe partirent du théâtre, le sac de Clés de bronze ainsi qu'un chariot portant plusieurs bidons d'essence remportés. La foule s'était agrandie et le chariot ne pouvait pas passer, obligeant les deux jeunes hommes à emprunter les petites rues pour rejoindre la voiture. Après quelques pas, une voix grave retentit derrière eux, que Rondine reconnaissait.
???: Habile, très habile, l'Hirondelle. Mais ne crois pas que je vais te laisser t'enfuir maintenant que tu m'as humilié comme ça, en public.
Rondine: Roooh, n'as-tu donc aucun sens de l'humour ? Il faut bien que je m'amuse un peu, les enchères sont tellement ennuyeuses ...
???: Je n'ai jamais aimé ton côté hypocrite, je sais très bien que tu as fais ça pour me ruiner. Mais ce n'est pas grave, je vais m'occuper de toi ici et maintenant, et je vais renflouer les caisses des Rescapés avec ta Carte.
Le Pique: Si tu oses sortir ton flingue ...
Rondine: Reste en dehors de ça Piquounet, ne t'inquiète pas. Il ne tirera pas ... N'est-ce pas ?
???: Tu me prend décidément trop à la légère, CREVE !!
Le Rescapé sortit son deagle et tira sur Rondine, mais les balles s'arrêtèrent juste devant le visage de ce dernier, congelées, puis tombèrent aux pieds du cZe. Le deagle lui-même ainsi que les pieds de l'homme étaient emprisonnés dans la glace, et Le Pique comprit bien vite que Rondine était à l'origine de cet étrange phénomène.
Rondine: Aaah, je pensais vraiment pas que tu allais tirer. J'espère que c'est pas trop froid ! Allez, on y va Piquounet; bonne chance avec ton joli canon !
???: Reviens, enfoiré ! Quand les cinq minutes seront passées, tu seras un homme mort, tu entends ? MORT !
Le Pique: Tu peux courir ?
Rondine: Marchons tranquillement, il fait bon. Dans cinq minutes, on sera déjà sur la route ...
Le Pique: Et c'était qui au juste ?
Rondine: Toujours aussi nerveux, ce Eclairvert ...