Scorpio se laissa tomber dans son lit en soupirant et laissa à Arbiteur le choix de sa place. La chambre n'était pas très grande et l'ancien eZe remarqua bien vite l'absence d'ordinateur dans la pièce; il se demanda alors si son hôte l'avait enlevé après son retour dans le monde réel. Scorpio comprit bien vite les pensées de son ami et fit non de la tête avec un léger sourire, l'ordinateur ayant toujours résidé dans le salon.
Un silence pénible régnait dans la pièce, qu'on aurait pu assimiler à un silence de deuil. Arbiteur jetait des coups d'œil furtifs à Scorpio qui le fixait du regard, attendant qu'il engage la conversation. Cette situation amusait l'officier qui prenait un malin plaisir à rendre nerveux le pauvre Arbiteur; mais, jugeant que la blague avait assez duré, il se décida à briser le silence.
Scorpio: Tu peux parler hein, t'es plus dans la cage d'escalier.
Arbiteur: Raaaah, tu m'énerves ! Explique-moi comment t'as fais !!
Scorpio: Bah c'est simple, j'ai glitché.
Arbiteur: Gliquoi ?
Scorpio: J'ai exploité un bug si tu préfères. Ma Feu m'a permis de survivre à l'explosion de la base spatiale, mais je dois vraiment la vie à C'est Ex.
Arbiteur: Comment ça ?
Scorpio: On a cassé nos matérias avant que tout ne pète, et mon corps s'est désintégré, je n'étais plus qu'une boule de feu vivante. Mais t'sais que le feu ne peut vivre sans oxygène. C'est Ex était dans le même état que moi, il n'était plus que de l'air. Alors on s'est assemblé et on a suivi ta navette, pis paf je me suis réveillé la tronche sur mon clavier.
Arbiteur: Ah, c'était vous, la boule de feu "cZe"...
Scorpio: Haha, avoue que c'était fun !
Arbiteur: Et donc avec C'est Ex vous vous êtes... assemblés ?
Scorpio: Ta gueule, t'imagine pas des trucs farfelus.
Arbiteur: Et t'as même pas cherché à me joindre ? Tu m'as laissé faire tout le boulot tout seul ? Enfoiré !
Scorpio: Ecoute. Maintenant que je suis revenu dans le monde réel, je veux oublier tout ça. J'en ai plus rien à foutre de la cZe et de CSS, d'ailleurs Steam a fermé le jeu. Tout ce que je veux c'est reprendre ma vie normalement et sortir toutes ces images horribles de ma tête. Estime-toi heureux d'être entré ici, c'est bien parce que t'es un ami que j'ai accepté de te parler.
Arbiteur: Et tu fais quoi du Projet Réalité ? Notre devoir en tant que survivants est de retrouver ces salauds et venger tous nos amis !
Scorpio: Arbi, on pourra rien faire contre eux, ils sont sûrement appuyés par de grosses sociétés et à deux, on ne pourra rien faire, surtout en France. A moins que t'ai envie de rusher un building avec des tazers ? On ne peut que s'écraser et reprendre notre vie là où elle s'était arrêtée. Le Projet Réalité percera dans le monde du jeu vidéo et on pourra en profiter nous aussi si on le souhaite, ils nous ont déjà oubliés. Je pense que j'ai eu ma dose d'aventures pour toute ma vie...
Arbiteur: Ta soumission me dégoûte.
Scorpio: Non, c'est ton inconscience qui me désole. On est plus des héros, on a plus à courir pour notre survie. Et je pense que tu l'as remarqué, ton corps est plus faible ici que dans le monde virtuel. Tu peux plus te permettre de faire des folies. Ici, c'est la réalité.
Arbiteur: Tu parles d'un officier... Si Rondine était là...
Scorpio: Rondine ?!
L'officier éclata de rire, sous l'incompréhension d'Arbiteur qui retenait à présent ses larmes.
Arbiteur: Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ?
Scorpio: Rondine pense exactement comme moi ! Il est vivant, Arbiteur !
Arbiteur: Tu mens ! dans sa lettre, Rondine m'a demandé de me battre contre le Projet Réalité !
Scorpio: Oui, nous avons rédigé ensemble cette lettre... Mais les temps ont changé, le calme est revenu. Rondine a retrouvé son quotidien, et il ne peut se permettre de jouer au vengeur.
Arbiteur: Et bah allez tous vous faire foutre ! Je m'occuperai de ça seul !
Scorpio: Ouais, c'est ça, mais tu viendras pas pleurer quand les vigiles de leur siège social t'auront collé une bonne patate, haha.
Arbiteur partit sans dire aurevoir, excédé. Sortant de l'immeuble, il se dirigea vers la bouche de métro la plus proche avant d'être interpellé par une voix qu'il reconnaissait: elle appartenait à un grand homme baraqué qui le regardait par la fenêtre ouverte de sa voiture.
???: Hey Arbi, tu rentres à Achères ?
Arbiteur: Colosse !
Colosse: Alors, quoi de neuf depuis la dernière fois ?
La voiture s'engageait sur l'autoroute tandis qu'Arbiteur soupirait, reprenant peu à peu son calme malgré l'énervement. Depuis son retour dans le monde réel, Colosse avait été d'une grande aide pour le cZe et l'avait souvent accompagné pour la distribution des testaments. Il était alors le seul à connaître la vérité sur la disparition des joueurs de CSS. Une amitié solide s'était construite entre ces deux-là et Arbi se sentait en sécurité à ses côtés.
Arbiteur: Et bien figure-toi que Rondine et Scorpio sont en vie.
Colosse: Sérieux ?
Arbiteur: Ouais, et aucun des deux ne souhaite se venger de ces enfoirés.
Colosse: Je les comprend en même temps, c'est une situation difficile.
Arbiteur: Tu vas pas t'y mettre toi aussi ! Ah, qu'est-ce que j'aimerai être à ta place.
Colosse: Bof, c'est dommage qu'ils ne m'aient pas choisi pour le jeu, j'aurai bien voulu y participer !
Arbiteur: Pardon ?!
Colosse: Hahaha, je déconne ! Hey, si je prend cette sortie on pourra passer par chez Rondine, ça te branche ?
Arbiteur: Hm... Pourquoi pas.