"Voilà trois mois que la population mondiale s'est vue amputée d'un million de personnes en l'espace de quelques secondes. Après quatre-vingt dix jours d'enquêtes, encore personne n'est en mesure d'expliquer ce phénomène, et même les plus grands scientifiques penchent pour l'hypothèse du paranormal. Voici, comme tous les jours, la liste des disparus. Si vous croisez l'une de ces personnes, veuillez contacter le ..."
La présentatrice n'eut pas le temps de finir sa phrase que la télévision s'éteignit: il ne supportait plus de revoir tous ces visages familiers, toutes ces défuntes personnes que le monde ne retrouverait probablement jamais. De douloureux souvenirs remontaient à la surface, rendant ses journées comme ses nuits pénibles à surmonter. Il avait survécu, mais à quel prix ? Son quotidien n'était qu'un calvaire qu'il pensait à abréger chaque seconde de sa pénible existence. Mais le suicide n'était pas prévu pour aujourd'hui: il restait un testament à remettre en main propre, et un petit tour dans la capitale s'imposait donc.
Le jeune et désormais unique cZe vivant posa sa tasse de café désormais vide et se leva lentement en regardant à travers la fenêtre le ciel bleu qui s'offrait à lui; c'était une belle journée, chaude et ensoleillée, quoi de plus normal pour un mois de Juillet.
Mère: Tu sors ?
Arbiteur: Ouais, je vais voir... des amis sur Paris.
Mère: Tu es souvent dehors en ce moment, on ne te voit presque plus à la maison ! Et, si ce n'est pas trop indiscret, à qui s'adresse toutes ces lettres que tu emmènes à chaque fois avec toi ?
Arbiteur: Oh, ça... J'ai une petite amie, mais elle habite loin, j'trouve ça assez romantique de lui envoyer du courrier, tu vois ?
Mère: Oh ! Mais invite-la un de ces quatre, qu'on fasse connaissance !
Arbiteur: Haha, on verra ouais.
Mère: Je t'emmène ?
Arbiteur: Si t'insistes.
Arbiteur détestait mentir, mais avait-il le choix ? Il passait ses journées à remplir sa tâche de messager, il avait fait le tour du pays pour remettre chaque testament au seuil de chaque maison, il avait travaillé dur pour réunir l'argent nécessaire à ses voyages. Son identité restait secrète malgré quelques péripéties et il ne restait désormais qu'une seule enveloppe à donner, celle de Scorpio.
Les paysages défilaient et la campagne laissait peu à peu la place au béton qui régnait en maître autour de Paris. Puis, la voiture s'arrêta à la demande du jeune homme et ce dernier descendit après avoir remercié sa mère; il sortit rapidement le plan qu'il avait dessiné et commença à le suivre: ses quelques pas l'amenèrent au pied d'un immeuble banal. Arbiteur pensa d'abord à déposer l'enveloppe dans la boîte aux lettres, mais il changea rapidement d'avis quand un homme ouvrit la porte du bâtiment en lui proposant d'entrer. Se référant au nom inscrit sur la boîte aux lettres, il gravit les quelques étages et arriva à l'entrée de l'appartement du défunt Scorpio. Inspirant un bon coup, il déposa le testament sur le paillasson et toqua; mais à peine eut-il le temps de frapper que la porte s'ouvrit, et le jeune homme qu'il croyait mort apparut.
Scorpio: Ah, t'es là.
Arbiteur: A..bé...ga...plup...
Scorpio: Euh... Et en français ?
Arbiteur: ÇA FAIT TROIS MOIS QUE JE TE CROIS MORT ET TOI TU TROUVES RIEN DE MIEUX A DIRE QUE "Ah, t'es là" ?!
Scorpio: Ouais bah vas-y cries-le encore plus fort, je crois que mes parents ont pas entendu.
???: C'est qui ?
Scorpio: Un pote un peu fou, t'inquiète pas p'pa.
Arbiteur: Tu m'expliques comment t'as réussi à survivre ou merde ?!
Scorpio: Si tu veux mais entre steuplait, à moins que t'ai envie de continuer ton concert dans la cage d'escalier ?