A l'intérieur du dôme, tout semblait normal, du moins pour Scorpio qui écoutait calmement de la musique sur son lit. La venue d'Arbiteur l'avait malgré tout fait réfléchir sur ses responsabilités de survivant et il commençait peu à peu à hésiter, car rien n'était comme avant désormais, tout était différent, il voyait le monde autrement, il avait vu à l'oeuvre jusqu'où pouvait aller un simple adolescent comme un trentenaire.
Quelques bruits étrangers à sa chanson vinrent le tirer de ses pensées; le jeune homme poussa le rideau qui cachait sa fenêtre et regarda à travers la vitre, discrètement, ce qu'il espérait être une scène attractive... Et il fut servi: la rue d'habitude calme était maintenant bondée de gens paniqués, courant tous dans la même direction, la peur dans les yeux, poursuivis par quelques zombies qui n'avaient pas manqué à Scorpio. Ce dernier n'eut pas le temps de réagir que le sol trembla, l'obligeant à ouvrir sa fenêtre pour pencher la tête: un Cuirassé balançait des coups de hache dans les bâtiments et s'approchait dangereusement de son immeuble.
Ni une, ni deux, l'ex-officier attrapa un sac et y fourra tout ce qui lui passait sous la main, puis courut jusqu'à la porte, poursuivi par le sol de son appartement qui se dérobait sous ses pieds, trop vite pour qu'il puisse échapper à la chute qu'il fit bientôt.
L'atterrissage fut brusque mais sans gros dommages, et Scorpio remercia il ne savait trop quoi, peut-être la chance, de l'avoir fait habiter au premier étage de son immeuble. Puis, soucieux de savoir ce qu'était devenu sa famille, il partit dans la direction opposée à celle des zombies avant d'arriver à la bouche de métro la plus proche. Mais une voix s'éleva alors dans le silence exceptionnel des rues parisiennes, une voix quelques peu familière qu'il semblait ne pas avoir entendu depuis des mois et qu'il cherchait en tournant la tête à droite à gauche sans trouver d'où elle provenait.
???: Hey, faut lever la tête de temps en temps.
Scorpio suivit le conseil de son mystérieux interlocuteur et découvrit un homme qu'il connaissait bien assit tranquillement... sur des lignes électriques: c'était Ono.
Ono: Mais je suppose que c'est typique des parisiens de ne regarder que droit devant soi ou au sol, faut dire qu'il y a plus de merdes de chien par terre qu'il n'y a de bons présages dans les nuages. Et puis, avec toute cette pollution...
Scorpio: Bon, t'as finis ?!
Ono: Un peu de critique de temps en temps ça ne te fais pas de mal !
Scorpio: Ta gueule, pourquoi t'es encore vivant toi ? Qu'est-ce que tu fous ici ? T'es quand même pas venu te venger, si ?
Ono: Oula, on se retrouve après trois mois et tu m'assommes déjà de questions !
Scorpio: Putain t'as intérêt à descendre, je vais t'en recoller une...
Ono: Non merci. C'est grâce à toi que je suis là aujourd'hui, j'ai pu subsister à l'intérieur de toi en tant qu'électricité. Franchement, chapeau pour ton plan avec C'est Ex, j'aurai pas fais mieux.
Scorpio: Tu m'as pris pour un autobus ?
Ono: Et sinon tu as revu C'est Ex ? Je pense que, depuis ce moment, vous devez vous voir régulièrement... Tu vois ce que je veux dire ?
Scorpio: Euh non pas du tout.
Ono: Roh arrête, vous étiez mignons à vous tenir la main et à tourner l'un autour de l'autre pour survivre. Va pas me dire que t'as pas eu une petite... étincelle pour lui ?
Scorpio: J'vais vraiment te tuer. Bon, j'ai pas de temps à perdre, ciao.
Ono: Attend.
Le regard d'Ono sembla reprendre sa froideur d'antan l'espace d'un instant et n'épargna pas l'ancien cZe qui se mit instinctivement sur la défensive. Le Guide lui fit alors part de ses récentes observations et lui conseilla donc de ne pas prendre le métro, mais plutôt de le suivre sans poser de questions. S'en suivit une nouvelle série de vannes, puis Scorpio finit par refuser la proposition, trop méfiant pour faire lui faire confiance. Bien que décidé à ne pas le suivre, il revint sur sa décision quand des cris hostiles retentirent soudainement derrière lui.
Ono: Je pense qu'on peut faire du bon boulot tous les deux, tu fais le bon choix.
Scorpio: J'appelle plutôt ça une obligation. Bref, quel est ton plan ?
Ono: A vrai dire, je n'en ai pas. Je suis pas magicien, ou du moins je ne le suis plus.
Scorpio: Dixit le mec qui fait bronzette sur des lignes haute tension.
Ono: Les frontières imaginaires de la ville sont devenues de vraies frontières. On ne peut plus quitter Paris, j'ai vu pas mal de gens partir en fumée en tentant de traverser une sorte de vitre transparente. C'est à peu près tout ce que je sais pour l'instant, ça fait une petite heure que c'est comme ça. Les zombies nous chassent et se multiplient à vitesse grand V. Les gens se précipitent vers les issues les plus évidentes et meurent comme des chiens. On n'est que du bétail maintenant, va falloir survivre...
Scorpio: Survivre... Je suis habitué maintenant.
Ono: Regarde ton portable, il ne sert plus que de radar. Les zones dangereuses apparaissent en rouge, ça tout le monde le comprend rapidement. Par contre, pour les points violets, je n'ai pas encore compris leur utilité. Il n'y a rien de logique, j'ai cru que c'étaient les emplacements des zombies ou des Cuirassés mais il n'y en a pas assez. Tiens, d'ailleurs y'en a un qui approche. Dans le doute, on va bouger. Viens.
Sujet: Immersion II - Chapitre 4 
Dim 22 Avr - 9:06
