Ono: Le soleil se couche, pas question de progresser dans le noir.
Scorpio: Mais on va où exactement ?
Ono: Je te l'ai dis, je n'ai aucun plan. Pour l'instant nous ne pouvons qu'observer et prendre note des changements.
Scorpio et Ono se trouvaient alors à Belleville, quartier parisien qui s'assombrissait peu à peu tandis que la nuit recouvrait la capitale. Sur le radar, les zones rouges les plus proches étaient situées à quelques kilomètres des deux hommes et bougeaient de temps à autres inexplicablement. Quant aux points violets, l'un d'eux les suivait en permanence mais ne se manifestait jamais, ce qui amena Ono à une réflexion intense sur l'utilité de ces points.
Ono: Je ne sais pas quoi faire pour ce foutu point mais il va falloir faire avec pour l'instant, restons quand même sur nos gardes. Bref, on a pas beaucoup de temps avant qu'il fasse nuit. J'ai besoin de toi Scorpio, il nous faut de quoi nous nourrir pour ce soir et demain matin, et de quoi nous abriter pour la nuit. Tu habites dans les parages, non ? Tu dois bien connaître.
Scorpio: Exact, mais il faudrait peut-être éviter d'aller chercher de la bouffe, limitons les trajets.
Ono: Non Scorpio, il nous faut toute notre énergie, les journées seront de plus en plus dures vu que les zombies se multiplient, et nous sommes en été, tu as vu cette chaleur, on risque de choper une insolation ou carrément nous évanouir, on peut pas se permettre de sauter des repas et encore moins des nuits.
Scorpio: C'est vrai... Y'a un supermarché au coin de la rue, et pour l'abri... C'est risqué mais on peut tenter l'église.
Ono: Tu es chrétien ?
Scorpio: Pas le moins du monde.
Les deux hommes se ravitaillèrent et poussèrent bientôt les portes de l'église; bien qu'il n'habitait pas loin, Scorpio n'y avait jamais mit pieds et le silence qui y régnait le rendait nerveux. Tout était étrangement calme depuis leur départ et il avait un mauvais présentiment, comme si le point violet était à l'origine de cette paisibilité.
On dîna sans parler; sans doutes les rancunes étaient encore trop récentes pour être oubliées, mais l'ex-officier restait curieux de savoir ce qu'était devenu Ono depuis leur combat dans l'arène. Cette curiosité lui rappellait leur ancien conflit et le maintenait sur ses gardes, après tout le Guide se montrait bien différent de ce qu'il était lors de leur dernière rencontre, une jovialité apparente peut-être trop exceptionnelle pour être crédible.
Ce n'est qu'au moment de se coucher que Scorpio se décida enfin à poser ses questions qui le rongeaient; ils s'étaient allongés sur les bancs inconfortables de l'église et en avaient utilisés quelques-uns pour barricader l'entrée. Quant au point violet, cela faisait plus d'une heure qu'il restait immobile tout près d'eux.
Scorpio: Ono, tu dors ?
Ono: Tu causes enfin !
Scorpio: Je voulais savoir, pourquoi es-tu venu à Paris ? N'es-tu pas père maintenant ?
Ono: Si. Mais rassures-toi, ma petite famille est à l'abri, du moins je l'espère. Nous séjournions chez ma grand-mère, qui habite en banlieue. Mon cousin était là lui aussi, il a insisté pour me faire visiter Paris.
Scorpio: Et que lui est-il arrivé ?
Ono: Les zombies l'ont eu, un peu avant qu'on se croise toi et moi. Il n'a pas réussi à grimper, et moi, je n'ai eu d'autre choix que de me percher là où j'étais le plus à l'abri...
Scorpio: Je suis désolé. Mais, tes pouvoirs existent encore ?
Ono: Figure-toi que je ne le savais pas non plus, mais je me suis senti attiré par les câbles électriques, ou du moins mon corps ne les reconnaissait pas comme dangereux, alors j'ai compris que mes pouvoirs étaient revenus et j'ai pris le risque de m'asseoir dessus. Vos câbles sont super résistants !
Scorpio: Si tu le dis...
Ono: D'autres questions ? Tu me sembles assez curieux.
Scorpio: Pas pour l'instant, tout se passe si vite, je suis un peu déboussolé. Pourtant je pensais avoir l'habitude de ce genre de situations.
Ono: Nous n'étions pas réellement humain dans l'autre monde, tu avais un autre corps que celui que tu possèdes vraiment. Alors fais attention à toi, rappelle-toi que tu es humain, et que tes aventures dans l'autre monde sont du passé.
Scorpio: Comment tu fais pour rester aussi zen ?
Ono: Je suppose que mes actes en tant que Guide ont fait de moi une autre personne, même si aujourd'hui je ne souhaite plus redevenir ce monstre. Mais sâche une chose, Scorpio. Je ne regrette rien des meurtres que j'ai commis. Car grâce à ça, à tous mes efforts, j'ai pu revoir ma femme et ai pu assister à la naissance de mon fils.
Scorpio: Ouais... Bon bah. Bonne nuit.
Ono: Ouais, bonne nuit. Demain va être très dur, alors te torture pas trop l'esprit avant de t'endormir.